
Le journal du Marcheur Pèlerin carnet de route. Etape n°7 de Nasbinals à Camps Estelas
Le 26 novembre 2023 19 km
Au petit matin il fait -7° dehors.
Les toits de Nasbinals sont blancs de givre. Comme chaque jour je prends mon petit déjeuner entre 7h et 7h30. Pour le prendre je dois sortir du gîte pour aller en face à l’hôtel de France. Hervé le patron de l’hôtel et du gîte est toujours présent dans son établissement. A 23h il était derrière son bar et à 6h il était déjà là. Il est incroyable. Mon petit déjeuner est simple, mais copieux. Je paye et je m’apprête à partir. C’est au moment où je décide de reprendre le chemin que Joachim arrive pour prendre son petit dej. Du coup je bois un dernier café et j’entame ma 7ème étape. La campagne est verglacée. C’est magnifique. Le froid étant sec c’est agréable. Je prends plusieurs photos du paysage hivernal. Je suis subjugué par tant de beauté givrée. La station de ski de Nasbinal m’intrigue aussi je décide de me détourner du GR65. En fait c’est un espace où l’on pratique le ski nordique. Je passe le col d’Aubrac 1340 m. Puis, je redescends sur Aubrac.

Aubrac un lieu chargé d’histoire
Perché à 1 300 mètres d’altitude, le village d’Aubrac est un des sites emblématiques du plateau. La carte postale que j’ai devant les yeux est exceptionnelle. Pour rejoindre le GR65 et le village j’emprunte un chemin particulièrement difficile où une succession de pierres, de glace et de boue m’emmène vers l’église. Je n’aurai pas pensé que la glace sur un chemin me malmènerait de la sorte. Je souffle comme un âne dans l’effort. Dans le village tout est fermé. Ce doit être une folie en été. Mais là rien est ouvert, pourtant les restaurants sont légion. Je m’arrête et en même temps j’explose mes lunettes de soleil. Pour une fois qu il y a un soleil d’enfer c’est ballot. Je trouve l’endroit formidable. Je reviendrais.
C’est reparti je retrouve le GR65. Tony et sa petite chienne me rejoignent. C’est drôle nous ne voyageons pas ensemble, mais nous nous croisons souvent au gré de nos marches et de nos avancées. L’étape fait 19 km. On va dire qu’à partir du 10ème kilomètre que le chemin est compliqué, du moins en hiver. Je ne sais pas comment cela se passe en été. Le chemin est fait de grosses pierres et sa pente est d’environ 10%. C’est vraiment beau, mais il faut resté concentré. Il y a des moments je pense à ma mère et son déambulateur car je ne vais pas beaucoup plus vite. Je lui ai dit à mon retour, ça l’a bien fait rire. J’ai vraiment de la chance avec le temps. Pour revenir au chemin nous arrivons sur un écriteau qui nous indique que nous sommes au bout de l’enfer. Tant mieux mais il a oublié de préciser le sens du bout de l’enfer car après si c’est pas l’enfer c’est le purgatoire. Dans tout ça c’est la petite chienne de 9 mois Megane qui me fascine car elle fait 2 fois le chemin à force de faire des allers-retours. Lorsque l’on s’arrête, elle se couche, si on enlève nos sacs elle dort. Et le soir elle est toujours en forme. Elle est incroyable.
La Boralde et le Culot Volcanique de Belvezet
Sur ces derniers kilomètres je vais pouvoir apprécier la Boralde et finir par arriver au Culot volcanique de Belvezet. La Boralde, cet ensemble de petits cours d’eau qui serpentent et créent de jolies cascades m’interpelle. Le chant de l’eau est réparateur, c’est peut-être le chant des fées. Après la descente il faut remonter sur le Neck de Belvezet ou Culot. C’est une ancienne cheminée volcanique. A son sommet on y trouve un ancien donjon. Quant au GR65, il suit une ancienne draille ou chemin de transhumance. Je traverse Belvezet pour continuer ma descente vers Saint Chelly d’Aubrac.
Images de la Boralde
De Saint Chelly d’Aubrac à Camps d’Estelas
Arrivé à saint Chelly j’ai une soif terrible. Mais nous sommes Dimanche, je ne suis pas sûr de trouver un bar ouvert. Mais le chemin m’entend et sur la place de la mairie je trouve un bar appelé tout simplement « le café tabac de la mairie ». A l’intérieur le tenancier et une jeune femme regarde le championnat du monde de moto 500cm3 sur Eurosport. Cela m’interpelle car si j’aime bien la moto, en écoutant les commentaires de la jolie blonde, je m’aperçois que c’est une afficionado et qu’elle commente aussi bien que les présentateurs de la chaîne. C’est drôle.
Après deux bonnes bières, je reprends mon périple. Le jeune tenancier me dit qu’il ne me reste que 4 kilomètres. A la sortie du village je traverse le pont des pèlerins. Ce pont n’est pas tout jeune puisqu’il date du XIVème siècle. Le calvaire sur le pont représente le symbole fort de la religion catholique. Celui-ci évoque le passage de la terre vers le ciel. La lumière rasante du soleil en cette fin d’après-midi est superbe. Une couleur dorée se projette sur les flancs du village. Je traverse le pont et me dirige vers Camps d’Estelas.
Le chemin entre Chelly et Camps d’Estelas est superbe, pourtant c’est de la route. Je m’arrête un instant pour photographier la cascade gelée d’une source d’eau. Je croise des troupeaux de vaches. Un tout jeune veau me regarde passer avec ses jolis yeux. Puis un autre. J’adore les vaches. C’est sympa une vache sauf si elle vous a dans le nez. Le soleil descend inexorablement. J’arrive au gîte. Je suis seul dans ce joli gite. Je me crois chez moi. Nadège, la propriétaire des lieux, vient me voir. Elle a fait le chemin comme moi à la même époque en 2019. Elle me parle de l’Espagne en hiver. C’est un peu mon angoisse. Haha. Je vais passer un bon moment avec cette pélerine dynamique aux yeux pétillants quand elle parle du Camino. Je vous conseille le détour. Le soir comme tous les autres soirs je ne fais pas de vieux os. A demain et bonne nuit les petits, pom popo pom.
